quand les discussions de comptoir se transforment en manifestes révolutionnaires
De nos jours, les brèves de comptoir ne se contentent plus de se dérouler dans les bistrots. Non, elles ont migré vers Facebook & Co., où elles se transforment parfois en pétitions officielles sur le site Internet du Parlement. Parce que rien ne dit «changement radical» comme cliquer sur «signer la pétition» depuis son canapé.
De plus en plus de personnes sont persuadées que la politique de comptoir pratiquée lors de la dernière soirée de bowling ou les prétendues mauvaises expériences avec l’une ou l’autre de nos administrations devraient également susciter l’intérêt du reste du pays. Sans tarder, elles se rendent sur pétitions.lu et lancent une pétition pour changer le monde.
En douze mois, 360 pétitions ont fleuri sur le site du Parlement, soit une par jour. Un exploit pour les Luxembourgeois, experts en discrétion et en haie-brûlage (une tradition nationale, paraît-il). Actuellement, 38 pétitions attendent d’être signées, soit à peu près le nombre de personnes coincées chaque jour dans les embouteillages luxembourgeois. Priorités, vous avez dit ?
Mais au fond, est-ce que ces pétitions servent à quelque chose ? Est-ce qu’elles passionnent le grand public ? Peu importe ! L’essentiel, c’est de pouvoir se la raconter au comptoir. «Oh, moi ? J’ai lancé une pétition pour plus de places de parking SUV au supermarché. La classe, non ?»
Les débats les plus enflammés portent sur l’éducation. Faut-il aborder les sujets LGBT+ à l’école ? La commission parlementaire a tranché : deux pétitions, une pour, une contre. Parce que rien ne renforce la cohésion sociale comme une bonne dispute sur le drapeau arc-en-ciel en cours de maths.
Et puis, il y a ces pétitions incompréhensibles. On les lit, on les relit, et on se demande si elles ont été rédigées par des extraterrestres. D’autres sont carrément absurdes. Pourquoi la commission des pétitions ne protège-t-elle pas ces auteurs du ridicule public ?
Légalisation du Bitcoin et de la Cocaïne : Quand l’État se la joue cool
Imaginez un monde où l’État serait aussi branché qu’un hipster dans un café bio. Eh bien, c’est ce que certains pétitionnaires luxembourgeois réclament. D’un côté, on a le fan du cannabis qui veut la «légalisation totale» pour créer des emplois, voire même la légalisation de la cocaïne. De l’autre, le geek du Bitcoin qui supplie l’État de reconnaître cette cryptomonnaie comme monnaie de réserve. Parce que rien ne dit «avenir radieux» comme une monnaie extraite par des ordinateurs et échangée par des nerds.
Légaliser le brûlage de haies : pourquoi les oiseaux ne sont pas des lobbyistes
Pendant ce temps, l’auteur de la pétition n°3199 garde son sérieux. Il veut légaliser le brûlage des haies. Oui, vous avez bien lu. Comme si la campagne des années 1980 pour la conservation des haies n’avait jamais existé. Pourquoi garder ces sales nids d’oiseaux ? Brûlons tout ! Enlève-moi ça ! L’auteur a des arguments solides : «Que les gens puissent décider eux-mêmes s’ils veulent ou non brûler les haies.» Qui a besoin d’un État ou d’une loi sur la protection de la nature ? Les citoyens peuvent décider eux-mêmes ce qu’ils veulent. Après tout, rien n’est plus efficace qu’une bonne pétition pour la liberté de mettre le feu aux haies.
Légalisation des feux d’artifice au Réveillon du Nouvel An : quand l’État joue avec le feu
La pétition n° 3244 réclame «une loi nationale claire autorisant ou interdisant les feux d’artifice à la Saint Sylvestre». L’auteur, lui, semble être divisé sur le point de savoir si les pétards devraient illuminer nos nuits de fin d’année. Résultat ? 108 signatures provisoires. Apparemment, les Luxembourgeois préfèrent la raclette à la Saint-Sylvestre plutôt que de jouer avec des explosifs.
La Schueberfouer à prix abordable : quand le manège compte plus que le logement accessible.
Mais ce n’est pas tout ! La kermesse abordable est dans l’air du temps. Oubliez le logement abordable, c’était hier. Aujourd’hui, on réclame une fête foraine à prix cassés. Parce que, soyons honnêtes, qui a besoin d’un toit quand on peut faire tourner un carrousel ? Et puis, «la nourriture et les boissons sont devenues plus chères ces dernières années». Priorités, mes amis ! La Schueberfouer, cette “tradition luxembourgeoise”, mérite bien qu’on baisse les prix. Après tout, l’amour du pays se mesure en frites et en comptoirs abordables.
Arrondir les contraventions : quand les amendes deviennent des pourboires
L’auteur de la pétition n°3226 a réussi à mobiliser un total de 4 signatures. Son objectif ? Rendre les contraventions plus conviviales en les arrondissant. Oui, vous avez bien lu. Désormais, quand vous recevrez une amende, pensez-y comme un pourboire pour le policier. Après tout, il a dû se déplacer jusqu’à votre voiture, sortir son stylo et remplir le formulaire. Un petit geste de gratitude, quoi !
L’argument de l’auteur est brillant : l’arrondi facilite la gestion administrative. Imaginez le flic en train de compter les centimes sur son bureau. Non merci ! Avec l’arrondi, tout est plus fluide. Et puis, ça contribue à «une plus grande satisfaction publique». Parce que rien ne rend les gens plus heureux que de payer un peu plus cher pour une infraction.
D’ailleurs, testez-le vous-même ! La prochaine fois que vous recevrez une contravention, ajoutez quelques euros en plus. Souriez à l’agent et dites-lui : «C’est pour vous, monsieur l’agent. Pour le service impeccable!» Vous verrez, il sera ravi. Peut-être même qu’il vous offrira un café. Qui sait ?
Et puis, pourquoi se préoccuper de problèmes insignifiants comme le logement abordable, la paix dans le monde ou la pauvreté des enfants ? Il y a tellement d’autres questions urgentes à traiter. Allez, jetez un œil à la liste des pétitions en cours. Vous y trouverez sûrement de quoi vous amuser un peu. Après tout, la vie est trop courte pour se prendre au sérieux, n’est-ce pas ?
Kommentar schreiben