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Chronique d'une tragédie

Lac de Weiswampach

Pour un loyer de 25.000€ par an, la Commune de Weiswampach a mis à disposition du promoteur belge LAMY, un terrain de 45 hectares au Lac de Weiswampach. L’agent immobilier prévoit y construire un immense complexe touristique comprenant le « attractions » suivantes :

un hôtel de luxe à 6 étages, 83 chambres et suites, restaurant, terrasses, centre de conférence, centre de bien-être.

  • un village de vacances de 88 maisons
  • un Funpark
  • un parc d’aventures
  • une installation de ski nautique

Détail intéressant : il ne se s’agit, en l’espèce, pas d’un hôtel traditionnel où les vacanciers peuvent réserver leur chambre. En fait, ils sont obligés de l’acheter.

Le ministère de l’économie a garanti une subvention de l’Etat de 10% du montant investi, ce qui représente la somme de 5 millions d’Euro de fonds publics pour in investissement de 50 millions. Pourquoi l’Etat n’utilise-t-il pas cette somme pour aider nos hôteliers et restaurateurs locaux qui, face à la crise sanitaire, luttent pour leur survie ?

 

𝐇ɪ𝐬ᴛᴏʀɪ𝐨̨ᴜᴇ

 

𝟎𝟗/𝟎𝟖/𝟐𝟎𝟏𝟕 : La société 𝟐𝟖/𝟏𝟏/𝟐𝟎𝟏𝟕 : Signature d’une convention douteuse entre le collège échevinal de Weiswampach et le Groupe LAMY, gardée secrète à l’égard des tiers. Ladite convention qui règle déjà tous les détails, est signée 7 mois avant la présentation officielle du projet et 2 ans avant l’introduction de la première demande d’autorisation. Cette convention nous fait découvrir comment le collège échevinal avec son bourgmestre Henri RINNEN (DP) a bradé le site public du lac pour une bouchée de pain à un promoteur privé. Les magouilles suivent leur cours. (https://www.yumpu.com/.../convention-entre-commune-ww-et...)  Un appel d’offres public n’a jamais eu lieu, de sorte que d’éventuels concurrents furent d’office écartés. 

𝟏𝟓/𝟎𝟔/𝟐𝟎𝟏𝟖 : Présentation du projet SUNEO PARK à l’occasion d’une conférence de presse au Ministère de l’Économie, en présence de la secrétaire d’Etat Francine Closener et de représentants du groupe LAMY.

𝟏𝟗/𝟏𝟐/𝟐𝟎𝟏𝟖 : La suspecte convention entre le groupe LAMY/Prolaweis et la Commune de Weiswampach est amendée. Au vu de l’opposition contre le projet, la date limite pour la réalisation du projet est enlevée. Voici l’amendement, publié sans annexes et sans plans. 

𝟐𝟕/𝟎𝟒/𝟐𝟎𝟏𝟗 : Réunion d’information et de protestation de l’initiative citoyenne « Biergerinitiativ Gemeng Wäiswampich » lors de laquelle les participants revendiquent l’organisation d’un référendum 

𝟐𝟑/𝟎𝟖/𝟐𝟎𝟏𝟗 : Le bourgmestre Henri RINNEN (DP) fait entendre que le projet sera réalisé quelle que soit l’issu du référendum.

- 25/08/2019 : À une très grande majorité, les électeurs rejettent le projet touristique SUNEO PARK. 60,1% se prononcent contre le projet Lamy, seulement 39,9% le saluent. Le référendum fut organisé par l’administration communale de Weiswampach, sur demande de l’initiative citoyenne locale, en application de l’article 35 de la loi communale du 13 décembre 1988.

𝟏𝟕/𝟎𝟒/𝟐𝟎𝟐𝟎 : La société LAMY/Prolaweis demande l’autorisation de construire l’hôtel ainsi que pour pourvoir déboiser le terrain auprès du Ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. 

𝟏𝟒/𝟎𝟓/𝟐𝟎𝟐𝟎 : La société LAMY/Prolaweis remet au Ministère de l’Environnement un soi-disant « bilan écologique » établit par elle-même. Jusqu’à ce jour, ce « bilan écologique » est caché au public. Ce bilan ne peut jamais être considéré comme étude d’impact sur l’environnement. En outre il est incomplet. Ce bilan ne mentionne nullement les animaux protégés ayant leur habitat dans la zone du lac.


Les animaux protégés, observés, photographiés et enregistrés, vivant dans la zone des deux lacs sont les suivants :

 Observations réguières

  • Pie-grièche grise /Raubwürger/Great Grey Shrike/Lanius excubitor
  • Pie-grièche écorcheur/Neuntöter/Pie-grièche écorcheur/Lanius collurio
  • Cigogne noire /Schwarzstorch/Black Stork/Ciconia nigra
  • Milan royal/Rotmilan/Red Kite/Milvus milvus
  • Hirondelle de fenêtre/Mehlschwalbe/Common House Martin/Delichon urbicum

 Observations d'oiseaux en train de chercher de la nourriture sur le lac:

  • Chevalier guignette/Flussuferläufer/Common Sandpiper/Actitis hypoleucos
  • Chevalier culblanc/Waldwasserläufer/Green Sandpiper/Tringa ochropus
  • Grèbe à cou noir/Schwarzhalstaucher/Black-necked Grebe/Podiceps nigricollis
  • Grèbe castagneux/Zwergtaucher/Little Grebe/Tachybaptus ruficollis
  • Harle piette/Zwergsäger/Smew/Mergellus albellus
  • Canard souchet/Löffelente/Northern Shoveler/Anas clypeata
  • Fuligule morillon/Reiherente/Tufted Duck/Aythya  fuligula
  • Canard siffleur/Pfeifente/Eurasian Wigeon/Anas penelope
  • Balbuzard pêcheur/Fischadler/Osprey/Pandion haliaetus

Oiseau qui hivernent près du lac

  • Harle bièvre/Gänsesäger/Common Merganser/Mergus merganser
  • Grand Aigrette/Silberreiher/Great Egret/Casmerodius albus 

Amphibiens, reptiles, insectes, mammifères

  • crapaud commun (Erdkröte)
  • grenouille rousse (Grasfrosch)
  • grenouille verte (Grünfrosch)
  • triton alpestre (Bergmolch)
  • couleuvre (Ringelnatter)
  • plusieurs espèces de libellules
  •  plusieurs espèces de chauve-souris
  • chat sauvage (Wildkatze)  

𝟑𝟏/𝟎𝟖/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Dans une interview diffusée à la radio socio-culturelle, le bourgmestre de Weiswampach Henri RINNEN annonce le début des travaux pour la mi-septembre.

𝟏𝟒/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Le bourgmestre de Weiswampach ordonne la destruction de 27 nids d’hirondelles de fenêtre au bâtiment sanitaire du lac. Au vu de cette action illégale, l’initiative citoyenne a réclamé auprès de l’Administration de la Nature et des Forêts, mais n’a pas reçu de réponse jusqu’à ce jour.

𝟏𝟒/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : La ministre de l’environnement Carole DIESCHBOURG (déi Gréng/les Verts) accorde à la société LAMY/Prolaweis l’autorisation pour la destruction de biotopes protégés et le déboisement sur une surface de 2,016 hectares. La seule mesure de compensation à mettre en œuvre par le promoteur comprend la plantation de 11 nouveaux arbres. La toiture verte et le bassin de rétention construit à côté de l’hôtel seront pris en compte comme remplacement des biotopes détruits.

𝟏𝟔/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Sur ordre du bourgmestre Henri RINNEN, les écluses du lac supérieur (lac de pêche) ont été ouvertes en vue de le vider le lac. Nous avons immédiatement porté plainte auprès de l’Administration de la Nature et de forêts ainsi qu’auprès de la Ministre de l’Environnement puisque ces travaux n’ont jamais été autorisés.

𝟏𝟕/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Le ministère de l’environnement a dépêché les unités de contrôle de l’administration de la nature et des forêts ainsi que de l’administration de la gestion des eaux sur place et a ordonné l’arrêt des travaux. Le bourgmestre fut invité à fermer incessamment les écluses et à remplir le lac au niveau d’eau initial. Cette décision fut prise en application de l’article 73 de la loi du 18 mai 2018 sur la protection de la nature.

𝟏𝟖/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Le bourgmestre raconte à la presse l’histoire de la zone tampon créée chaque avant l’arrivée de l’hivers.

𝟐𝟏/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Malgré les instructions reçues de la part des autorités de contrôle et du ministère, le niveau d’eau continue à baisser. Le bourgmestre Henri RINNEN invente maintenant l’histoire de l’écluse endommagée.

𝟐𝟐/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Réclamation auprès de la ministre de l’environnement Carole DIESCHBOURG avec copie à l’Administration de la nature et des forêts ainsi qu’à l’Administration de la gestion des eaux en raison de l’assèchement du lac. Dans notre missive, nous il a été avancé le fait que la Commune et le promoteur ont décidé de vider le lac pour, ainsi, réduire la pression sur le talus se trouvant entre les deux lacs. En fait, il est prévu d’y commencer les travaux pour la construction du fondement de l’hôtel à 6 étages. Au cas où le lac serait plein, le promoteur serait confronté à un sérieux problème de sécurité et il serait obligé d’y enfoncer un rideau de palplanches sur une longueur de presque 200m. Cela aurait fait exploser les coûts du chantier. Nous avons exigé un arrêt immédiat des travaux alors que l’assèchement du lac n’est nullement prévu dans l’autorisation établie par le ministère de l’environnement. Jusqu’à ce jour, le ministère n’a pas réagi à notre courrier.

 𝟐𝟐/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Dans une interview donnée au Luxemburger Wort, la ministre de l’environnement Carole DIESCHBOURG explique le lac de pêche ne serait pas à considérer comme biotope au sens de la loi. Elle contredit donc les informations que nous avons obtenues de la part de l’Administration de la nature et des forêts, Arrondissement Nord, qui nous a expliqué justement le contraire, dans la mesure où un tiers du lac de pêche serait à considérer comme biotope en raison d’établir une zone tampon avec la réserve naturelle Conzefenn. Il semble plus que bizarre que le lac ne soit plus à considérer comme biotope, alors que le bassin de rétention que le promoteur construira à côté de l’hôtel soit considéré comme biotope de compensation pour la nature détruite.

𝟐𝟐/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Réclamation écrite auprès de la ministre de l’environnement Carole DIESCHBOURG et auprès de l’Administration de la nature et des forêts alors que la société LAMY CONSTRUCTION a déposé, à l’aide de camions immatriculés en Belgique, d’énormes quantités de matériaux d’excavation provenant d’un autre chantier, en pleine nature, voire dans les haies, à côté du lac de pêche. La quantité des matériaux d’excavation est estimée à une vingtaine de chargements de poids lourds. Aucune réaction nous est parvenue de la part des autorités contactées.

𝟐𝟐/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : La ministre de l’environnement répond à une question parlementaire de la députée Stéphanie Empain et confirme les illégalités commises par la Commune de Weiswampach et ordonnées par le bourgmestre Henri RINNEN (DP).

𝟐𝟑/𝟎𝟗/𝟐𝟎𝟐𝟎 : Réclamation urgente adressée à la ministre de l’environnement Carole DIESCHBOURG, à l’administration de la nature et des forêts et à la Police grand-ducale, alors que des travaux de déforestation ont commencé sur le terrain du lac ce qui est contraire à la loi sur la protection de la nature qui interdit de tels travaux avant le 1er octobre. Il semble que la ministre de l’environnement a également autorisé ces travaux. Comme d’habitude, aucune réponse nous est parvenue jusqu’à ce jour. 

 

Il nous reste que la voie judiciaire pour contester l’autorisation de la ministre de l’environnement.

En plus, nous sommes obligés d’intervenir auprès de la Commission européenne alors que nous sommes convaincus que, dans le cas de Weiswampach, il y manifestement eu violation de la réglementation européenne.

Une étude d’impact et la consultation du public sont impératives. Dans ce contexte, il faut rappeler la réponse à une lettre du ministère de l’environnement en août 2018, à quelques mois des élections nationales. Dans cette lettre, Claude TURMES se prononce en faveur d'une EIE (évaluation des incidences de projets sur l'environnement), tel que prévu par la législation européenne et nationale. 

 

Curieusement, en Belgique, le Groupe LAMY respecte la législation européenne. A La-Roche-en-Ardenne, à peine 30 km de la frontière luxembourgeoise, le Groupe LAMY construit un village de vacances de 80 maisons. Avant tout autre progrès, une étude d’évaluation des incidences sur l’environnement est réalisée et le public est consulté.

 

 


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