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Message de Pâques du «Luxemburger Wort»

Tambours de guerre au lieu des cloches de la paix

Dans un commentaire atteignant des sommets d’absurdité, le «Luxemburger Wort» désigne le mouvement pacifiste comme la plus grande menace pour notre sécurité. L'engagement en faveur de la diplomatie et de la paix serait-il devenu dangereux de nos jours? Une révélation révolutionnaire à laquelle seuls les esprits éclairés de la rédaction du «Wort» pouvaient parvenir.

Sous le titre «Les prédicateurs de paix naïfs mettent en danger notre sécurité» et avec l’élégance d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, l’auteur ressasse les vieilles histoires d’horreur: la Russie veut «rayer l’Ukraine de la carte», et si l’Europe ne se dote pas immédiatement d’un arsenal d’armes gigantesque, «le Russe» frappera à notre porte dès demain. La «menace russe» est psalmodiée comme une vérité universelle, tandis que l’auteur, au passage, célèbre l’idée de rendre l’Union européenne «opérationnelle», autrement dit prête à la guerre. Ceux qui osent ne pas se rallier à cette vision et marcher au pas sont immédiatement catalogués comme naïfs ou idéalistes, des «prêcheurs de paix» déconnectés de la réalité. La diplomatie? Ridicule! Plus d’armes, voilà la solution miracle qui, semble-t-il, sauvera le monde.

Cette rhétorique tient davantage du journalisme catastrophiste et sensationnel que d’un véritable reportage rigoureux et documenté.

Le message de Pâques de l’ancien «Wort» clérical est limpide: la paix est naïve, la guerre est sage. Pendant que la communauté internationale – des pays africains, asiatiques et sud-américains jusqu’au Vatican – cherche désespérément des solutions diplomatiques, le «Wort» s’acharne avec ferveur à battre les tambours de guerre, réclamant toujours plus d’armes, plus de chars, plus de guerre. La seule «langue» qui compte, selon le «Wort», est celle de la dissuasion militaire. Que cette «langue» ait jusqu’ici surtout apporté des morts et des ruines? Un détail gênant qu’il est préférable d’ignorer.

L’auteur fait preuve d’une créativité particulière lorsqu’il associe le mouvement pacifiste aux prétendues négociations «échouées» entre les États-Unis et la Russie. Si seulement le mouvement pacifiste n’avait pas été aussi naïf pour exiger la diplomatie, ces discussions auraient sûrement été couronnées de succès, n’est-ce pas? Pendant que des bombes continuent à pleuvoir sur les civils, l’appel au dialogue est qualifié de fantasme enfantin – une logique si grotesque qu’elle ferait pâlir George Orwell d’envie. Tout comme dans son roman 1984, le journaliste du «Wort» crée un univers parallèle où la diplomatie n’a aucune chance et où les canons parlent au nom de la paix.

Et voilà le clou du spectacle: le prophète du «Wort» déclare que les négociations de paix en cours sont déjà vouées à l’échec. Oublions donc que ces discussions doivent reprendre cette semaine à Londres, désormais avec l’Europe et l’Ukraine à la table. Pourquoi s’embarrasser de faits dérangeants quand on peut tirer des conclusions hâtives et enterrer la diplomatie dès le départ? Peut-être que l’auteur nourrit secrètement l’espoir que tout échoue – une occasion rêvée de frapper encore plus fort sur le tambour de guerre.

Cette posture n’est pas seulement à courte vue, elle est aussi dangereuse, comme le démontre l'ignorance de la réalité internationale par l’auteur. L’Europe? Diplomatiquement isolée comme jamais. Lorsque, le 24 février 2025, l’ONU a adopté une résolution appelant à une solution pacifique au conflit en Ukraine, 18 pays sur 193 ont voté contre. Toutes les voix contre venaient d’Europe. Cela aurait dû être un signal d’alarme, et non une invitation à s’enfoncer plus profondément dans l’impasse. Isolée et dos au mur, l’Europe agit comme une bête en cage, prête à l’attaque.

Et la question ultime reste la suivante: qui est vraiment naïf? Ceux qui croient encore aux négociations et à la paix, ou ceux qui pensent sérieusement que l’on peut mettre fin à une guerre en en faisant encore plus de guerre?


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▲ L'article du journaliste Florian Javel, expert du "Wort" pour la politique d'asyle, la jeunesse et l'agriculture.
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