L’Apocalypse de l’alphabétisation
Fred Keup, député ADR et super-héros autoproclamé de la langue luxembourgeoise, est de retour avec une nouvelle croisade. Cette fois, il s’attaque au projet pilote du gouvernement qui ose alphabétiser les enfants en français en plus de l’allemand.
Un scandale, hurle Keup, qui a récemment publié un livre intitulé « Mir gi Lëtzebuerg net op » (nous n’abandonnons pas le Luxembourg) - écrit en allemand, bien sûr. Parce que quoi de mieux pour sauver le luxembourgeois qu’un livre qui l’ignore totalement ?
Keup affirme que l’alphabétisation en français est une menace directe pour la langue luxembourgeoise. Évidemment ! Les enfants qui apprennent plusieurs langues oublient instantanément comment dire «Moien» et se mettent à crier « Bonjour » à tout va. Un véritable désastre !
Une éducation réservée aux élites
Peut-être devrions-nous interdire complètement aux enfants d’apprendre à lire et à écrire. Ainsi, nous pourrions garantir qu’ils ne maîtriseront jamais une autre langue et que le luxembourgeois restera pur pour l’éternité. L’accès à l’éducation, au savoir et aux carrières professionnelles serait ainsi réservé à une élite. Avec près de 50 % d’étrangers et 45 % de résidents parlant une langue romane à la maison, la tolérance a déjà atteint ses limites. Les enfants des étrangers n’ont pas besoin d’être alphabétisés en français, ils doivent rester incultes. Après tout, qui construira nos maisons, servira dans nos restaurants, nettoiera nos bureaux et livrera nos colis Amazon si ce n’est les étrangers ?
Selon Keup, les emplois bien rémunérés devraient être réservés aux vrais Luxembourgeois, ceux qui savent lire et écrire en allemand.
Le luxembourgeois, condition sine qua non pour être policier
Dans un article publié dans le « Wort », Keup explique qu’une parfaite maîtrise du luxembourgeois est indispensable pour devenir policier. Tout le monde sait que les criminels ne peuvent être arrêtés qu’en luxembourgeois. Un « Stop, police ! » en français ferait éclater de rire les bandits et faciliterait leur fuite.
Keup insiste sur le fait que pour devenir policier, il est crucial d’être alphabétisé en allemand et non en français. Après tout, il est essentiel que nos futurs policiers puissent rédiger leurs rapports en luxembourgeois impeccable. Imaginez un rapport de police truffé de fautes d’orthographe ou de grammaire en luxembourgeois, ce serait un scandale !
Peut-être devrions-nous équiper tous les policiers d’un dictionnaire pour qu’ils puissent vérifier l’orthographe en cas de doute. Et bien sûr, ils devraient régulièrement rédiger des dictées pour parfaire leurs compétences linguistiques. Après tout, qui se soucie de la forme physique ou de l’entraînement tactique? L’essentiel est une parfaite maîtrise du luxembourgeois.
En fin de compte, on peut espérer qu’un jour Fred Keup réalisera que l’éducation et le multilinguisme ne sont pas des menaces, mais des enrichissements. Mais d’ici là, beaucoup d’eau coulera sous les ponts de la Moselle, et Fred Keup continuera à lutter contre la terrible menace de l’alphabétisation française. Peut-être lancera-t-il une nouvelle initiative citoyenne pour s’assurer qu’aucun enfant ne dise plus jamais «Bonjour».
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Eduardo Dias (Samstag, 12 Oktober 2024 06:36)
Très bien pensé et bien écrit. L'autre.... qui a motivé cette belle réflexion devrait retourner dans une bonne école afin d'apprendre les rudiments de la pensée et de l'écriture