Les Panama Papers constituent le plus grand scandale d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent jamais révélé. Les 28 accusés ont été acquittés le 28 juin 2024.

Pour notre radio la plus importante et la plus influente, RTL, il ne s'agissait que d'un tout petit message de quelques lignes, bien caché dans la rubrique "Internationales", même si un groupe de banques, d'avocats et de consultants luxembourgeois ont également mis la main à la pâte.

La presse luxembourgeoise est aussi réservée qu'un adolescent timide à la discothèque de l'école. Les Panama Papers ? Bof ! Ce ne sont que quelques feuilles tombées au sol. Cela ne vaut pas la peine d'en parler. Après tout, nous avons également chez nous 40 000 entreprises boîtes aux lettres. Alors, pourquoi ce tapage ? C'est peut-être là la raison de l'annonce discrète sur RTL, qui donne l'impression que 28 accusés du procès des Panama Papers auraient été acquittés, mais que tous les autres auraient été condamnés. RTL cache le fait que dans ce gigantesque scandale, seules 28 personnes en tout ont été inculpées pour fraude fiscale organisée et blanchiment d'argent.

En avril 2016, des informations sur plus de 214 000 sociétés boîtes aux lettres ont été publiées dans les Panama Papers. Ces sociétés étaient gérées par le cabinet d'avocats Mossack & Fonseca de Panama City. La fuite de données de 2,6 téraoctets contient environ 11,5 millions de documents confidentiels, dont des e-mails, des lettres, des fax, des documents de création d'entreprise, des crédits, des factures et des relevés bancaires, des informations sur l'optimisation fiscale « légale », mais aussi des activités illégales comme le blanchiment d'argent, l'évasion fiscale ou la violation des sanctions de l’ONU. Les sociétés écran ont été créées pour cacher des actifs, éviter les impôts ou blanchir de l’argent. Pour ses révélations et enquêtes, le Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) a reçu le prestigieux prix Pulitzer en 2017.

Le seul organe de presse luxembourgeois qui a inlassablement couvert ce scandale était l'hebdomadaire WOXX. Il s'est ainsi avéré que, par exemple, le député CSV Laurent Mosar, l'ancien député ADR Roy Reding et l'ancien secrétaire d'État libéral Guy Arendt avaient la main dans le jeu. Le quotidien belge "Le Soir" a rapporté que même le directeur de la CSSF luxembourgeoise de surveillance bancaire, Claude Marx, était mentionné dans les Panama Papers.

Une liste de célébrités de renommée mondiale qui étaient clientes du cabinet d'avocats Mossack & Fonseca est publiée sur Wikipédia.

Dans un article remarquable du 3 septembre 2017, WOXX avait publié une liste de l'eurodéputé vert Sven Giegold, qui contenait les noms de toutes les banques luxembourgeoises, avocats, consultants, fiduciaires, etc. Cette liste est explosive ! Et puis vous comprenez pourquoi notre presse luxembourgeoise a laissé le couvercle sur la marmite.

Et puis, le grand moment est arrivé : le 28 juin 2024, le tribunal de Panama City a étonnamment acquitté les 28 accusés des Panama Papers faute de preuves – d’autres n’ont pas été accusés pénalement. De toute façon, cela aurait été impossible, car lors de leur descente, la police panaméenne n'a trouvé aucun responsable dans les sociétés de boîtes aux lettres. Les preuves ? Oh, elles étaient probablement perdues quelque part dans la foulée des classeurs. Le juge a déclaré : « Authenticité et intégrité ? Cela ressemble à un mauvais roman policier. Affaire suivante, s'il vous plaît ! »

Tous les chefs de gouvernement et autres mandataires, qui ont démissionné après la publication des Panama Papers, auraient donc pu rester tranquillement dans leurs positions. Tout s'est passé correctement. Au Panama, non seulement la fraude fiscale et le blanchiment d'argent se déroulent de manière légale, mais l'escroquerie elle-même est rendue socialement acceptable, par la grâce du juge.

Alors, si vous souhaitez créer une société boîte aux lettres, ne demandez pas trop longtemps : faites confiance à un avocat, un conseiller fiscal ou un consultant luxembourgeois. Votre fortune est alors aussi bien cachée qu'une boîte aux lettres luxembourgeoise.

Dans son « Renert », l'écrivain luxembourgeois Michel Rodange écrivait déjà en 1872 (traduit librement) :

Le monde est un sac plein de crabes,

Où l’un pince l’autre ; 

Ceux du haut sont balancés, 

Ceux du bas sont écrasés.