Personne ne comprend l’ ADR
Dans le minuscule grand-duché du Luxembourg, où la population pourrait tenir dans un centre commercial un jour de soldes, l’eurodéputé ADR Fernand Kartheiser fait sensation – et pas qu’un peu. Il veut uniquement parler luxembourgeois au Parlement européen. Mais qui le comprend vraiment ?
Le luxembourgeois, cette langue parlée par environ 275 000 personnes – soit à peu près la population de Metz – est désormais destinée à conquérir les cœurs et les oreilles des députés européens. Bonne chance !
Avec son vocabulaire limité, le luxembourgeois emprunte généreusement à l’allemand et au français. Ce qui en fait la langue parfaite pour la confusion diplomatique. Fernand Kartheiser, notre chevalier sans peur et sans reproche, se bat contre la domination linguistique de l’anglais et surtout du français. Il a l'intention de ne parler que luxembourgeois au Parlement européen.
Pendant que ses collègues du parti, Keup et Weidig, publient des livres en allemand, Fernand, lui, se bat pour la reconnaissance de notre langue, à peine audible en dehors du Luxembourg. Ce qui, avouons-le, nous a toujours donné un avantage en vacances : parler des autres touristes ou des locaux sans être compris. Le luxembourgeois, notre langue secrète. Mais tout ça, c’est fini, grâce à Fernand.
Le luxembourgeois, la nouvelle lingua franca de l’UE
La confusion au Parlement européen a atteint des sommets lorsque Fernand a pris la parole pour la première fois en luxembourgeois. À part les cinq autres représentants luxembourgeois, personne ne l’a compris. Les députés ont tous attrapé leurs écouteurs et fouillé leurs applications de traduction – en vain. Et pourtant, Fernand avait tout prévu : avant la séance, il a distribué des tracts avec les mots luxembourgeois les plus importants et propose désormais des cours de luxembourgeois pour débutants.
L’intégration, c’est juste une question de langue, pensait Fernand. Et si les 720 autres députés veulent vraiment s’intégrer, ils n’ont qu’à apprendre le luxembourgeois. Facile, non ?
La réussite de la mission de Fernand est incertaine. Une chose est sûre : il a déjà fait plus parler de lui que la plupart de ses collègues. Et qui sait, peut-être qu’un jour le luxembourgeois deviendra la nouvelle lingua franca de l’UE – ou au moins la langue des malentendus.
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