Cette ferme datant du début du XVIIIe siècle est protégée en tant que patrimoine culturel national. Elle jouit donc du même statut que le château de Vianden ou la cathédrale. Mais laisserait-on ces édifices dans un tel état déplorable?

La ferme située à Enscherange, construite au début du XVIIIe siècle, est un exemple typique de l'architecture rurale de l’Oesling. En juillet 2021, une demande a été adressée à l’ancienne ministre de la Culture, Sam Tanson (déi Gréng), pour classer cette ferme et la préserver ainsi en tant qu’héritage architectural pour les générations futures.

Sous la ministre de la Culture écologiste, il ne s’est absolument rien passé – excepté le fait qu’elle a transmis le dossier à la Commission pour le patrimoine culturel (COPAC) peu avant les élections législatives du 8 octobre 2023, soit plus de deux ans après la réception de la demande par son ministère. Sur base de l’avis favorable de la COPAC, le nouveau ministre de la Culture, Eric Thill (DP), a pris une intention de classement le 12 février 2024. Le classement définitif de cette ferme de près de 300 ans a été établi par arrêté ministériel en date du 3 juillet 2024.

À ce moment-là, le bâtiment était déjà dans un état critique. Le ministre a été régulièrement informé par écrit, photos à l’appui, de la détérioration progressive. À deux reprises, dans des lettres presque identiques datées des 5 août et 20 décembre 2024, Eric Thill a répondu que le propriétaire avait été sommé d’entreprendre les travaux nécessaires pour restaurer l’édifice et empêcher qu’il ne s’effondre.

Après l’hiver, le constat est amer: l’état de la ferme est lamentable, bien qu’elle soit classée monument historique. À qui la faute? Au propriétaire? Au manque de volonté politique? À la nouvelle loi sur la protection du patrimoine de 2022, saluée en son temps par la ministre écologiste comme une avancée majeure, mais qui se révèle être un tigre de papier?

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