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Le mythe de la frénésie d'achat

La triste réalité des bas salaires au Luxembourg

Le Luxembourg, le pays le plus riche du monde, se réjouit de son statut de triple A lui décerné par les agences de notation et brille dans la gloire de sa place bancaire et financière. Avec 5100 milliards d'euros gérés par l'industrie des fonds d'investissement luxembourgeoise et une zone piétonne dans la Ville haute où les boutiques de marques de luxe se succèdent comme des perles sur un collier, on pourrait croire que c'est le paradis sur Terre.

Mais le citoyen ordinaire ne peut guère se permettre plus que de faire du lèche-vitrine. La richesse est en effet fermement concentrée entre les mains d'une minorité fortunée.

Avec un salaire minimum brut de 2570,93 euros, il est difficile pour les 66 000 travailleurs au salaire minimum de joindre les deux bouts. Ceux-ci représentent 15 % des salariés et leur revenu est 44 % inférieur au salaire moyen (4 556 €/mois) et 35 % inférieur au salaire médian (3 970 €/mois). Ceux qui disposent de moins de 2 382 euros par mois vivent officiellement sous le seuil de pauvreté – ce qui est le cas des travailleurs au salaire minimum, car les 2 570,93 euros sont bruts et il faut en déduire les charges sociales. Un habitant sur cinq au Luxembourg a dépassé ce seuil de pauvreté et est considéré comme pauvre.

Le nouveau #Luc a promis de faire de la lutte contre la pauvreté une priorité. Mais jusqu'à présent, il manque à la fois un concept et des actions concrètes. La pauvreté au Luxembourg a pris des proportions telles qu'elle ne peut plus être cachée.

De leur propre faute?

Dans un courrier des lecteurs du 27 novembre 2024 dans le Luxemburger Wort, l'auteur Armand Mignon propose de libérer les travailleurs au salaire minimum des cotisations sociales ou d'ajuster l'impôt. Mais ces propositions changent-elles vraiment la situation? Armand Mignon conclut qu'aucune de ses mesures ne mettra fin à la prétendue frénésie d'achats et qu’en plus de l'aide financière, un soutien psychologique est nécessaire pour apprendre à ces gens à gérer un budget. En d'autres termes, les pauvres sont responsables de leur situation car ils achètent trop.

Le mythe de la frénésie d'achat

En revanche, dans un autre courrier des lecteurs, publié le 7 décembre 2024 dans le Luxemburger Wort et intitulé « Pauvreté: mythes et réalités », les auteurs soulignent les immenses inégalités entre les salaires au Luxembourg et concluent qu'aucune des solutions proposées par Armand Mignon ne résoudra le problème. Ils plaident pour que l'État intervienne notamment dans le domaine du logement, car les loyers engloutissent souvent plus de 50 % des revenus des bas salaires. Par ailleurs, les produits alimentaires de base ont augmenté de jusqu'à 27 % ces cinq dernières années, tandis que l'indexation automatique des salaires n'a compensé que 13 %. Le risque que les bas salaires succombent à la frénésie d'achats, comme le craint Armand Mignon, semble donc très limité, selon les auteurs de la lettre. Ils rappellent également que la réalité pour beaucoup de gens au Luxembourg est bien éloignée du luxe et de l'abondance.


Luxembourg Jungle publie les deux courriers des lecteurs, en commençant par celui du 7 décembre 2024, qui est une réaction à celui du 27 novembre.

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